L’évolution diachronique des suffixes –ment et –(ai)son et la question de la correspondance vernaculaire de –(at)ion
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Auteurs : Mélanie Uth [Allemagne]Source :
- shsconf [ 2261-2424 ] ; 2012-07-05.
Abstract
Dans cet article, nous analyserons diverses données diachroniques indiquant qu’en termes d’usage langagier, la forme –(ai)son ne peut en rien être considérée comme l’équivalent vernaculaire du procédé latin en –(at)io. Dans la plupart des travaux traitant les procédés de nominalisation événementielle en –(at)ion et –(ai)son, le processus en –(ai)son est considéré comme variante vernaculaire de celui en –(at)ion. Cette généralisation est sans aucun doute correcte dans la mesure où –(ai)son s’est développé au cours de la genèse de l’ancien français par des changements phonétiques réguliers sur la base du procédé latin en –(at)io. Cependant, vu que la suffixation en –(at)ion a été (ré)introduite dans la langue française au cours de la relatinisation, le simple fait de déceler une correspondance phonétique entre le suffixe latin –(at)io et la forme française –(ai)son ne suffit pas encore à déterminer la relation entre –(ai)son et –(at)tio/–(at)ion dans les différentes étapes de développement du français. C’est-à-dire, la circonstance selon laquelle le procédé en –(ai)son s’est développé diachroniquement sur la base du latin –(at)io ne rime pas encore avec le fait que le premier soit la variante vernaculaire du dernier en matière d’usage linguistique. Dans notre exposé, nous examinerons en détail les courbes de productivité de –(at)ion et –(ai)son, de l’ancien français jusqu’au français moderne, et nous montrerons l’indépendance absolue des deux voies de développement. Compte tenu du fait que –(at)io a été extrêmement productif en latin postclassique, ce résultat négatif soulève la question de savoir par quel procédé de nominalisation autre que –(ai)son la forme latine a été remplacée avant sa (ré)introduction au cours de la relatinisation. Pour cette raison, nous examinerons ensuite le développement diachronique de la productivité de –ment, tout en faisant ressortir le rôle important de –ment en ancien français et en invoquant l’hypothèse qu’en termes d’usage langagier, c’est –ment, plutôt que –(ai)son, qui doit être considéré comme l’équivalent vernaculaire de –(at)io. Finalement, nous donnerons des indices supplémentaires en faveur de l’hypothèse précitée et nous préciserons la notion d’‘équivalent’ ou de ‘remplacement’ suffixal auquel nous faisons allusion dans cet article.
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DOI: 10.1051/shsconf/20120100083
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